Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’EAU ET LE COURANT DE PLUS EN PLUS RARES

par CAMARA Abdoulaye Ciré, Vice-Président et Administrateur-délégué, ARSYF/Belgique

publié dans Rusal-Friguia

Le slogan de l'espoir déçu concernant le ravitailllement en eau et électricité de la cité
Le calvaire de la population de Fria
Les femmes parcourent les cités à la recherche de la denrée "rare"
Les hommes s'y mettent également...
Même les tout-petits n'en peuvent plus...

Le DRH (Directeur des Ressources Humaines), champion de la pagaille à l'usine de Fria. Il se croit "chef de canton"






« Pleure ma ville bien-aimée ». Ce pourrait être le titre d’un livre sur la situation qui prévaut à Fria depuis plusieurs semaines et qui s’est accentuée depuis quelques jours.

Nous venons d’apprendre par plusieurs sources concordandes qu’il n’y a plus d’électricité en ville depuis Jeudi et l’eau ne coule au robinet que dans quelques rares quartiers et seulement quelques heures. Tout le monde se demande ce qui ne va pas et on commence à se poser des questions sur la capacité des russes, de Rusal à bien gérer cette usine. Malgré les sommes astronomiques investies au GE, on est toujours dans l’attente de voir les lampes s’allumer et les vivres entassés dans les congélateurs cesser de pourrir. Les groupes HYUNDAI flambant neuf et livrés il y a juste cinq mois, enchaînent panne sur panne. Personne n’a cru devoir former les maintenanciers de la Centrale sur ces nouvelles machines. « On fait comme on peut car on n’a reçu aucune formation ni en mécanique, ni en régulation et ni en électricité sur ces groupes », nous dit un technicien du GE. Les fameux turbos qui nous ont plongés dans le noir ne sont plus entièrement révisés depuis des années. Il faut qu’une panne survienne pour qu’on daigne faire quelques entretiens. On est même allé jusqu'à faire confectionner des pièces de rechange du turbo chez un forgeron de la ville. Quelle honte! C'est cette situation que nous redoutions et que nous avons dénoncé après notre visite dans les installations de l'usine en décembre 2007. Pourtant, Rusal n'a pas hésité à affiché sa "mamaya habituelle" lors de l'inauguration des nouvelles chaudières. Que chacun respecte donc ses engagements ! On ne peut pas demander des sacrifices à la population alors qu'on est pas à mesure d'honorer ses obligations.

Quant à l’eau, il faut voir le ballet des friakas faisant le tour de la ville à la recherche d’un point d’eau et espérer en puiser un seau ou deux comme témoignent les images que nous avons reçues. Personne n’y échappe, pas même les tous petits avec de minuscules bols sur la tête. «On en a marre et s‘ils ne sont pas capables, qu’ils s’en aillent. » se plaint une habitante de Sabendè. Quant aux habitants des immeubles, privés d’eau quand il n’y a pas de courant, ils le sont encore plus lorsque le reste de la ville en manque. Imaginez un locataire du 9ème étage trimbalant bidons d’eau escalier par escalier ! La citerne des sapeurs-pompiers a même dû aller ravitailler l’Hôpital Péchiney où on n’arrivait plus ni à soigner, ni à nettoyer. Le comble !

De mémoire de friaka, si on a connu de telles situations par le passé, on est loin de vivre ce qu’on vit aujourd’hui car l’eau du Konkouré n’a jamais autant coulé que maintenant. Certains vont jusqu’à penser que dans l’impossibilité de réaliser le budget prévu, les russes sabotent la fourniture d’eau et de courant pour faire des économies.

S’il y a un responsable à tout ça, c’est bien Rusal et cela est dû à la façon catastrophique de gérer les ressources de cette usine. Le DRH qui se comporterait comme un commandant de cercle aux pires heures de la colonisation. Faisant fi de tous les codes en matière de gestion du personnel, il accorde des promotions au gré de ses fantaisies et il embaucherait tellement dans l’administration que les bureaux croulent sous la pléthore pendant que certains secteurs de la Fabrication manquent d’ouvriers au point que les présents doivent doubler le poste pour assurer le travail. Il a récemment accordé la 7ème catégorie à un de ses protégés classé 5ème catégorie, parce que le chef du logement lui refusait un logement de 7ème catégorie. D’autres disent qu’il va jusqu’à s’assurer les services de marabouts pour ne pas rentrer en Russie alors que son contrat est à son terme. Toutes ces improvisations ont eu pour impact de démotiver les bons travailleurs de l’usine qui ne croient plus aux vertus du bon travail en tout cas pas avec les russes. « Il suffit d’aller leur cirer les bottes pour obtenir ce qu’on obtenait avant par le travail et le mérite », nous dit un ouvrier de la Maintenance. Lassé de toutes ces pratiques, le Directeur du Centre de Formation, un sénégalais réputé pour ses compétences a jeté l’éponge au bout d’un an et demi malgré les ponts d’or qu’on lui offrait. Il aura vite compris l’impossibilité de collaborer franchement et sereinement avec de telles personnes. Sachez que dès le mois de Février, son budget annuel a été épuisé à cause des fantaisies du DRH.

Là où une équipe de seulement sept américains avaient su gérer l’usine, près d’une centaine de russes sont en train d’échouer et de nous mener droit au mur. Ils se défendent en se disant victimes de racisme et surtout ne manquent pas de parler de sabotages citant les nombreux cas de vols dans l’usine. Le moindre vol est surmédiatisé au point que cette diversion nous fait croire que c’est là la seule cause des problèmes de l’usine. Friainfo a toujours combattu le vol et a toujours accordé une large colonne à ce problème récurent qui nous déshonore. Mais il existe un autre vol qui ne dit pas son nom et dont les auteurs sont les russes : la surfacturation, les fausses factures, le bakchich au point que certains seraient même devenus richissimes grâce à leur passage à Fria. Pendant ce temps, l’usine croule sous les créances et les factures impayées s’accumulent de jour en jour. Aucun fournisseur local, ni même étranger n’accepte de livrer quoi que ce soit tant qu’il n’a pas d’abord été dument réglé. Récemment en mars, une mission de SOGEDI, filiale du groupe AIR LIQUIDE est venue demander qu’on lui paye au moins les factures d’Octobre 2007, en attendant celles des mois suivants. Franchement, de la part du leader mondial de l’aluminium, c’est tout simplement ridicule.

Comment imaginer qu’un géant mondial comme RUSAL ne puisse pas mettre une politique managériale commune à toutes ses unités réparties à travers le monde. Même ses deux usines guinéennes (FRIGUIA et CBK) ne sont pas régies par le même management. Et en niveau de salaire, ses travailleurs traînent en queue de peloton dans la liste des sociétés du secteur minier en Guinée. Nous disons à Rusal qu'il n'y a pas de place au hasard dans le management d'une grande structure à l'image de Friguia.

Pendant que les atermoiements du Gouvernement pour la révision des contrats et du code minier continuent, Fria sombre de jour en jour dans les privations d’eau et d’électricité. Réveillez-vous Mr KOUYATE et agissez vite ! Il y a urgence.



Par CAMARA Abdoulaye Ciré, ARSYF/Belgique


Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
R
Concernant le fonctionnement de l'usine, d'après mes informations, c'est tout l'encadrement qui est à revoir.Ils ont désigné des cadres guinéens à des postes clés, sans leur accorder le moindre moyen pour obtenir des résultats.En réalité, ce cadre guinéen ne sert que de façade, une doublure russe est désignée, sans titre officiel, pour diriger les services.Les cadres guinéens n'ayant donc aucun pouvoir, s'absentent régulièrement pour plusieurs jours, sans que cela ne soit gênant car ils ne servent que de prête nom!Pour avoir une chaudière qui marche, il ne suffit pas d'afficher une jolie banderole!Quant à la compétence de la main d'oeuvre guinéenne, elle n'est pas à mettre en doute.Un vieux proverbe dit "il n'y a pas de mauvais outils, il n'y a que de mauvais ouvriers"L'outil que les Russes ont entre leurs mains n'est pas à mettre en cause, c'est à eu d'apprendre à s'en servir.Il y a toujours un maillon faible dans une chaine, s'il s'agit du maillon de tête, c'est toute la chaine qui s'écroule.Je serai curieux de connaitre le nombre de techniciens de valeur qui ont préférer démissionner!
Répondre